Autres travaux


  L'histoire débute dans une salle de classe, dans une petite école de campagne. Dans cette salle, se trouvait une trentaine d'élèves, garçons et filles, écoutant diligement le cours de leur professeur. Toutefois, au milieu de cette petite foule, se trouvait un élève différent des autres. Cet élève était différent des autres de par son physique, mais aussi de par son esprit. Il était traité tantôt par l'ignorance de ses pairs, tantôt par le mépris. Il apparaissait comme différent car, au milieu de cette trentaine de personnes, il semblait être tout seul. Lucien était son nom, et c'est son histoire que nous allons suivre.
Élève moyen, il arrivait à décrocher la moyenne dans toutes ses matières sans vraiment fournir de travail. Cela était en partie la source de la jalousie que ressentaient les autres élèves à son égard. Mais de cela, Lucien n'en avait cure. En effet, chaque cours, chaque jours durant, il n'attendait qu'une seule et unique chose, la fin de ces dits cours. Il les supportait, car, comme il se plaisait à le dire, ces cours étaient un mal nécessaire. Mais là n'est pas la question. Cette histoire n'est pas à propos de l'école ni de son éducation. C'est pour cela que nous allons passer à la fin de sa journée de cours.
Chaque soir, comme tous les soirs, à la sortie de l'école, Lucien allait prendre le petit bus pour rentrer chez lui. C'est , comme tous les soirs, lorsqu'il passait le portail de la petite école que sa solitude semble s'évaporer, son visage s'éclairant de plus en plus. Dans le bus, comme tous les soirs, Lucien semblait être en proie à d'intenses réflexions. Son esprit travaillait ardemment, ce qui lui valait, une fois de plus, la jalousie des autres élèves, certains, dans leur ignorance, qu'il était en train de réfléchir à ses cours et était déjà en train de préparer ses devoirs, tel un génie surdoué. Cela était, bien entendu, on ne peut plus inexact. Lucien savait qu'il aurait pu leur expliquer que leur jalousie était infondée, de manière à s'approcher un peu de l'amitié qu'il aurait pu recevoir s'il leur apparaissait comme normal. Mais de cela, Lucien n'en avait cure. En effet, perdu dans ses pensées, Lucien se préparait à rejoindre ses vrais amis. Des amis qu'il avait imaginé, crées, et auxquels il avait donné vie.
Arrivé chez lui, il disait vaguement bonjour à sa famille, plus par une formelle habitude que par réelle volonté, et montait directement à sa chambre.
C'est quand il pénétrait dans sa chambre que Lucien apparaissait être un autre homme, rayonnant, toute trace de solitude s'étant évaporée. Sa petite chambre était ce que l'on pouvait qualifier de spartiate, meublée en tout et pour tout d'un petit lit, d'une table et d'une chaise devant elle. Sur cette table, hormis l'habituelle lampe de bureau, se trouvait un grand cahier, assombrit d'écrits, et un stylo on ne peut plus banal en guise de marque page pour celui-ci.
Toutefois, le stylo semblait changer du tout au tout quand il se retrouvait dans la main de Lucien. En effet, passant d'un petit stylo tout à fait banal, il devenait un bâton magique dans les mains expertes de l'enfant. Après quelque passes et tours de stylos, Lucien se mettait à écrire, comme tous les soirs. De l'œil d'un observateur extérieur, Lucien aurait pu être vu comme frénétique, excité, écrivant et noircissant les pages de son cahier à une vitesse incommensurable. Mais de cela, Lucien n'en avait même pas conscience. Car, bien que Lucien se trouvait bel et bien assit sur la chaise, devant la table de sa chambre, il n'était plus là. Son esprit se trouvait ailleurs.
Le grand mage Lucianus, accompagné de ses fidèles alliés, Juliana la guerrière, Kima la guérisseuse et Damien l'archer, se trouvait devant la forteresse du terrifiant baron maléfique. Le ciel était noir, comme bouillonnant.
Les ténèbres de la nuit s'étaient abattus sur la jadis lumineuse terre de Kaba. Cette paisible terre était menacée par le terrible baron maléfique, fils des ténèbres et père de la peur, qui tentait de réduire toute joie et toute lumière en terne solitude. Il connut plusieurs sanglantes victoires, avait vaincu les armées coalisées de la terre de Kaba durant une bataille décisive. La jadis paisible terre était au bord de la chute. Il ne lui restait plus qu'un seul et unique espoir.
Cet espoir était porté par les quatre grands guerriers qui étaient apparus devant la place royale de Kaba, et avaient repoussé à eux seuls les armées maléfiques et avaient infligée sa première véritable défaite au baron. Il y avait bien eu moult célébrations, mais Lucianus, le mage éclairé, avait refusé cela, et, accompagné de ses amis, était parti en direction de la forteresse du baron, annonçant qu'ils ne prendraient part aux festivités que quand l'arch-ennemi serait définitivement vaincu.
Ils se trouvaient donc devant la terrible forteresse, porteurs des tout derniers espoirs de la terre de Kaba.
Le baron avait prévu leur arrivé, et leur avait envoyé les meilleurs parmi les légions de ses séides, dans une vaine tentative de repousser les quatre démons qui voulaient mettre ses plans en péril. Il aurait très bien pu prendre part au combat, et défaire ces arrogantes créatures par lui-même, mais il devait rester dans sa tour, pour assurer le bon déroulement du sortilège qui lui assurerait sa place au rang des dieux.
Il était donc profondément plongé dans ses incantation. Si profondément qu'il n'entendit pas la terrible bataille qui se déroulait au devant ses portes.
Brillante de sueur, Juliana était au cœur de la mêlée, abattant sa hache de toutes parts, tuant un séide du baron à chaque coups. Son corps était entouré d'une aura blanche, refermant toutes les blessures qu'elle recevait, lui assurant de rester au cœur du combat le plus longtemps possible. Cependant, sans signes avant-coureurs, son aura commença à virer au noir. Son corps lui sembla se déchirer. Toutes les blessures qui lui avaient été infligées et soignées par l'aura bénéfique de Kima lui revenaient. Elles se tourna vers cette dernière, et vit qu'elle était à genoux, luttant visiblement pour sauver Juliana. Lucianus lui même, était concentré, déployant une volonté incroyable, visiblement en proie à un combat contre une magie extrêmement puissante.
C'est alors qu'elle remarqua que Damien n'était plus à leurs côtés. Dans un effort surhumain, ignorant la douleur, elle se mit à le chercher du regard. Elle parvînt finalement à repérer le mage ennemi qui lui faisait subir son supplice, juste à temps pour le voir s'effondrer, une flèche traversant son cœur de part en part. Damien avait atteint son but.
Le mage vaincu, Juliana reçu de nouveau l'effet bénéfique de l'aura blanche, et sentit ses forces se décupler. Mais elle sentit aussi le goût de la magie dans l'air.
Lucianus, libéré de la puissance du mage ennemi contre laquelle il luttait, pu enfin déchaîner sa colère, et incinérer tous les ennemis qui leur tenaient tête. Le combat fut enfin terminé, et ils purent enfin pénétrer dans le donjon du baron.
Les quatre avaient vaincu, mais ils n'étaient pas indemnes pour autant. Kima qui était exténuée, après son rude combat mental pour faire survivre Juliana, se faisait porter par Damien et Lucianus. Ce dernier semblait lui aussi atteint par le terrible combat qu'ils venaient de remporter, comme pouvaient le prouver les cicatrices qui étaient apparues le long de ses bras. Juliana ouvrait la marche, en meilleur forme que ses compagnons, grâce à la sainte magie de Kima.
La forteresse était vide, comme si le baron avait envoyé tous ses hommes à l'entrée pour abattre les quatre, et ce fut donc sans encombres qu'ils accédèrent à la dernière salle, qui était noire de magie maléfique, comme si la noirceur du ciel s'était écoulée dans la tour. Le baron était là, trônant en son centre, attendant les quatre fous qui étaient venu le défier. A peine étaient ils entrés que le baron se jeta sur eux. Il abattit une sombre épée noire vers Kima, d'une vitesse défiant l'imagination. Juliana eu tout juste le temps de dévier la lame avec sa hache, qui se brise sous le choc.
Le baron visiblement mécontent, beugla un mot, et les quatre furent projetés contre les murs. Juliana, habituée, réussi à se recevoir correctement sur le mur sans souffrir trop de dommages. Kima quant à elle, perdit connaissance, sa tête ayant percuté le mur, tout comme pour Damien. Lucianus, quant à lui, n'avait pas bougé. Toutefois, il flottait quelque centimètres au dessus du sol, se débattant.
Le baron lui parlait, un rictus mauvais sur les lèvres. Il savourait sa victoire, ayant en son pouvoir le plus puissant des ennemis qui avaient eu le malheur de mettre ses armées en déroute. Il prononça plusieurs phrases de mépris et de haine à l'encontre du pauvre mage qui se débattait face à la puissante magie qui le tenait dans ses griffes.
Puis, ayant terminé son monologue victorieux,le baron planta son épée en travers du corps de Lucianus, d'un coup sec. Dans un dernier effort de volonté, la puissance décuplée par son agonie, Lucianus prononça un mot de pouvoir, qui paralysa le baron, avant de s'effondrer sur le sol. La dernière chose qu'il put voir fut Juliana pourfendant le Baron, le visage baigné de larmes.
La victoire était leur, malgré le prix atroce qu'ils avaient du payer. La terre de Kaba était en fin libérée de la présence et du joug du terrible baron maléfique...
Il y eu un choc, un unique mot crié, puis plus rien. Quelqu'un courut et ouvrit la porte à toute volée. Un cri, puis des pleurs. La mère de Lucien s'était effondrée en larmes après avoir vu le corps de son fils étendu sur le sol, atrocement mutilé. Il avait des cicatrices sur les bras, et une énorme plaie à la poitrine. Et malgré cela, un sourire heureux était figé sur sa figure sereine.
Il avait sauvé ses amis.














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Le soleil se couchait à l'horizon. Le ciel était d'un bleu pur. Nous pouvions voir de-ci de-là des animaux gambader dans les rues, les immeubles étaient en fleurs, les rues dévastées étaient recouvertes de mousse. L'air était absolument pur. Toutefois, une légère odeur de fumée planait et nous guidait jusqu'à un campement. Deux personnes étaient assises là, autour d'un feu, et discutaient.

« -Cela s'est passé il y a très longtemps, mon fils. L'histoire de notre fin du monde. Quelques années avant 2012, des gens peu scrupuleux ressortirent une vieille légende urbaine des tréfonds de la pensée humaine. Il y a longtemps, très longtemps, une très grande civilisation vivait en Centre-Amérique. As tu jamais entendu parlé des Mayas? Ils étaient de somptueux artistes, et avaient développé les mathématiques et l'art de calculer à un rang quasi-divin. Ils avaient même fait un "calendrier", même si cela n'est pas le terme qui lui conviendrait le mieux. Sur ce calendrier,furent prévues toutes les éclipses sur centaines d'années, d'un calcul que nous n'avons jamais pu découvrir. Et le mieux, c'est que ce fut un sans-faute. Toutefois, comme tu peux t'en douter, rien n'est infini. C'est pour cela qu'ils durent arrêter leurs calculs quelque part. Et c'est là que les vautours en mal d'argent tournèrent leur attention, exploitant la peur du genre humain à propos de sa propre mort. Tout cela commença par des rumeurs sur internet, comme quoi les Mayas auraient prévu les dates de catastrophes ou de meurtres de personnes importantes. Oui? »

Le garçon avait levé la main, portant un regard insistant et plein de questionnement à son père.

« -Dites moi, père. Qu'était-ce l'internet dont vous venez de parler? »

Le vieil homme poussa un gémissement, mais pas un gémissement d'exaspération, non, mais plutôt de celui que nous pourrions pousser lorsque nous nous rappelons d'un chose ou d'une être aimé aujourd'hui disparu.

« -Ah, internet. Mon fils, internet fut la nouvelle révolution industrielle de l'humanité, la troisième révolution industrielle si l'on peut dire. Imagine un réseau infini reliant toutes les personnes dans le monde, de manière quasi-instantanée. Mais là n'est pas la question. Comme je te le disais, il y eut des rumeurs infondées qui titillèrent l'esprit toujours en mal de catastrophe de l'esprit humain. Après ces rumeurs, les gens qui les avaient lancé prophétisèrent que les Mayas avaient prévu la fin du monde le 21 Décembre 2012, car leur calendrier s'arrêterait sur cette date. Passons sur le fait qu'ils n'avaient surtout plus de place sur écrire, et que le calendrier chrétien leur était inconnu. Continuons sur la fin du monde. Une fois que les idées furent implantées, les vautours dévoilèrent leur idée principale: un film, nommé 2012. Un autre film catastrophe, dans lequel notre civilisation serait détruite. Il connu un grand succès chez les gens crédules. C'est à dire plus ou moins soixante-quinze pour-cents de la civilisation d'alors. Tu as une question? »

Alors qu'il s'en allait dans son explication, il s'était aperçu que son fils le regardait toujours avec une intense réflexion.

« -Oui! Que sont les films?
-Très bonne question mon fils. Imagine une histoire telle que celle que je te raconte. Et bien les images que tu as dans l'esprit lorsque je te la narre se trouvaient sur des écrans, étaient animées et il y avait du son pour créer une impression de réalité. Donc, comme je disais, ce film eut du succès. Et le pire, c'est qu'une énorme partie de la population croyait dur comme fer que la fin du monde arriverait bien le 21 Décembre 2012. Je pense que les vautours auraient du choisir la date du 20, cela aurait fait plus joli. Bref, il y crurent, mais nous pouvons leur pardonner, il existait bien des créationnistes. Mais je m'égare. Après le film, tout aurait pu se passer sans problèmes. Mais voilà que de nouveaux vautours arrivèrent,et créèrent des sectes prophétisant la fin du monde pour 2012 – très grande originalité, tu me l'accordera – apparurent un peu partout. C'est ainsi que nous arrivons au 21 du mois de Décembre de l'année 2012. Cette journée fut un désastre. Le jour dit, tout aurait pu très bien se passer. D'ailleurs, la matinée s'était déroulée sans qu'il n'y ait eu le moindre incident. C'était une belle matinée d'hiver, peut être un peu fraiche pour la saison. Tout c'était très bien passé cependant.
Mais comme tu dois t'en douter, mon fils, cela ne dura pas. En effet, ce fut à 12h21 que les premières plaies apparurent sur notre civilisation. Pratiquement de manière simultanée, à Paris, Londres, Berlin, New York, Tokyo, ainsi que toutes les autres villes et villages de nos nations, des groupes de gens, appartenant aux sectes prêchant la fin du monde, sortirent dans les rues. Les policiers redoutaient bien qu'il y eut ce genre de problèmes, mais ils ne s'attendaient pas à l'ampleur qu'ils prirent. Pris de folie, les millions de sectateurs portèrent simultanément une arme contre leur tête. A ce moment là, la terre trembla.
De manière simultanée, des milliers, sinon des millions d'armes firent feu de la même voix. Ce fut la fin du monde pour les sectateurs. Les rues s'étaient emplies de sang. Et ce n'est qu'à ce moment là que tout dégénéra. En voyant les actes de suicide de masse des sectateurs, plusieurs policiers furent pris eux aussi de folie et se suicidèrent à leur tour. Ce fut cet acte, entre tout autres, qui fit plonger la civilisation dans la confusion. L'image de l'ordre, cimentant notre civilisation, prise de folie et se suicidant.
Après cela, tout fut assez flou. Des gens se mirent à abattre d'autres personnes dans les rues, avant de se donner eux même la mort, d'autres se mirent à piller et d'autres encore se mirent à casser tout ce qui se trouvait sur leur route, à brûler et incendier tout ce qu'ils pouvaient.
Ce ne fut que vers le soir, la nuit éclairée par les métropoles , les villes et les villages en flamme, que ceux qui avaient prévu cette catastrophe purent mesurer la profondeur de l'horreur de ce qui venait d'arriver.
En moins d'une journée, la majorité de la civilisation humaine s'était auto-détruite, agonisant dans sa folie. Et contrairement à ce qui avait pu être vu dans les films, il n'y eu aucun exode de masse. Car de masses, il n'y avait plus.
Pour ma part, je m'étais terré dans les profondeurs de ma cave, ma maison étant dans un petit village de province. Le seul autre survivant de ce village fut un chien, mais je dus l'abattre, car il était redevenu sauvage à la vue du sang qui avait teinté de rouge profond toute chose dans le village.
Pendant deux ou trois jours, je ne put me résoudre à quitter ma maison. Mais quand la faim et la soif se rappelèrent à mon bon souvenir, je finis par quitter mon ancienne vie pour partir vers la grande ville la plus proche. Et cela fut salvateur, car je pus y rencontrer d'autres survivants, qui avaient eu la même idée que moi.
Il ne nous fallut que très peu de temps pour comprendre que nous ne pourrions jamais plus relever notre civilisation.
Nous avons parcouru les pays, en quête d'autre survivants, mais nous ne trouvâmes que de rares miraculés. Toutefois, pour la première et dernière fois dans son histoire, toute l'humanité, au travers du tableau de ses villes, était uniforme, sans aucune différence d'un pays à l'autre. Partout la même désolation et la même dévastation.
L'humanité s'était unie dans la mort, et ses survivants ne pouvaient qu'espérer survivre deux ou trois générations, perdus que nous étions sans notre divine technologie, qui nous avait protégé, et paradoxalement, qui fut la cause de notre destruction.
Et notre civilisation fut belle et bien détruite, non pas par quelque catastrophe naturelle ou attaque extra-terrestre, mais par nous même, par la folie qui éclot dans l'esprit humain quand il est certain que sa vie va prendre fin.
La seule chose que nous pouvons faire aujourd'hui, c'est narrer et nous remémorer ce jour funeste, et toute faire pour que jamais plus ce genre de chose ne puisse se reproduire...
Toute notre vie repose sur le hasard. Il ne faut jamais écouter les gens qui prophétisent la mort ou la destruction. Il ne faut pas non plus vivre dans la peur éternelle car les informations , les gens et tout ce qui est lisible ou visible, créé par l'homme annonce que tout va mal, que tout va bientôt se terminer. Car comme tu as put le constater dans mon récit, ce n'est qu'à cause l'homme, ayant peur de lui même et de tout ce qui l'entoure que c'est produit cette catastrophe. Alors que tout aurait très bien put se passer sans problèmes.
Bref, c'est ici que prend fin mon récit mon fils. La seule chose dont tu dois te souvenir à propos de ce que je viens de te conter, c'est que la fin du monde peut très bien arriver d'ici demain ou dans cent ans. Cela ne peut-être ni calculé, ni défini.
Maintenant va. Je vais aller fleurir le mémorial de 21/12/2012. C'est aujourd'hui le vingt et unième anniversaire de la catastrophe, une date très ironique pour moi. »

Ainsi, le vieil homme parti vers une belle pierre de marbre, polie et brillante, remémorant la bêtise humaine, et créée avec le maigre espoir que les générations futures, si jamais elles arrivaient à repeupler la planète, ne feraient plus les mêmes erreurs, ne se laisseraient plus mener par le dieu argent et le démon de la peur...

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Normalement pour celle là, ya des images, mais ça prend trop de place, et j'ai la flemme, alors chut !!!







Ce fut le 13 décembre 1993 que je fis mon entrée dans le monde, par un beau jour pluvieux d'hiver, dans un hôpital aujourd'hui oublié de tous, dans une petite ville de la province Française encore verdoyante. Mes parents, Marie et Charles Bakuma, dans un grand élan d'inventivité choisirent de me gratifier d'un nom qui n'était pas courant mais portait en lui une certaine forme de pouvoir ( mes parents sont restés jusqu'à leur mort des soixante-huitards frustrés, et gardèrent leur âme de baba-cools au fond de leurs cœurs même après leur mort ). Ils m'appelèrent donc par le nom avec lequel j'écris aujourd'hui, à savoir Nicolas Bakuma. La photo que vous pouvez voir, (Photo 1), est celle que prirent mes parents le premier jour après ma sortie de l'hôpital de ma naissance. Ils eurent le malheur de passer près d'une boutique de photographe "rétro" , et ne purent malheureusement pas résister à l'envie de faire trôner leur fils sur un photo dans une posture tout sauf naturelle. Je finis par réussir à ne pas être pris nu sur la traditionnelle fourrure, car ma mère, dont je vous ai narré le caractère plus haut, défendit tellement ses convictions à propos de nature et de ces chose qui blessent la nature, que le photographe m'emballa dans des couvertures bon marché, pris une photo très rapidement, l'offrit de bonne grâce à mes parents, les poussa dehors et baissa son store avec une écriteau marqué d'un "parti très loin" pour justifier la rudesse du bonhomme. C'est ainsi que je fis le premier pas dans ce monde, qui marqua mon histoire, mais dans lequel, malgré toutes mes tentatives infructueuses, je ne fis aucune marques.

C'est en 1995 toutefois, que je fis ma première apparition dans le journal, lors d'un passage de la star nommé Elton John, qui faisait innocemment un tour dans la rue. Il fut assailli par la presse, mais plus grave encore, mes hippies de parents réussirent, je n'ai toujours pas trouvé par quel moyen, à faire que la star me prenne dans ses bras et fasse une photo (Photo 2), avec ce qui s'avéra plus tard être un journaliste. Le monde est empli de petits hasards qui changent la vie. Mais nous reparleront de cet anecdote plus tard, quand elle résonnera dans mon futur.

Ma vie passa sans trop de problèmes ni de choses vraiment marquantes, et je pus donc suivre la vie d'un enfant grandissant et découvrant le monde, en posant abondance de questions et trouvant toujours à redire des réponses désespérées données par des adultes en manque de sommeil. Cet état de fait se maintint durant 5 années sans grands coups d'éclats.
C'est durant l'année de mon septième anniversaire qu'une nouvelle chose vint chambouler ma vie. Mon arrière-grande-tante qui, à ce que je compris aujourd'hui, après plusieurs années d'intenses réflexions, vouait une haine infinie à mes parents ( la cause de cette haine je n'ai malheureusement pu trouver ) fit ce que toute personne souhaitant que leurs enfants leur rendent la vie impossible, et surtout leurs brisent les cordes vocales devait faire : elle m'offrit des crayons de couleur pour mon septième anniversaire. Comme vous vous en doutez, aidés que vous l'êtes par ma magnifique phrase précédente, mes parents subirent ici une des plus éprouvantes épreuve de leur vie. Car, dans toute sa méchanceté calculée, ma tante ( telle que je l'appelais à ce moment là, car je n'avais pas encore l'esprit suffisamment développé pour comprendre les histoires de généalogie, choses qui me donnent encore migraine à ce jour ) avait accepté de me garder dans la maison de mes parents le temps qu'ils aillent en vacances. Elle s'éclipsa bien entendu une ou deux heures avant que mes parents ne rentrent fourbus mais heureux de leur semaine de repos loin de tous problèmes, c'est à dire loin de leur enfant. La première chose que mon père fit en rentrant dans la maison fut de lâcher prestement le sac qu'il portait soigneusement dans ses bras ( brisant ainsi pour pas moins de 150€ de bouteilles de vins et autres champagnes ) pour rattraper ma mère qui se brisa les cordes vocales à cause du cri qu'elle poussa (Photo 3) et perdit connaissance en regardant l'état de l'intérieur de la maison. Comme vous vous en doutez, fort de ma nouvelle arme de destruction massive, je m'étais appliqué à redécorer les murs, les sols et aussi les tapis et moquettes de la maison, trop mornes et tristes à mon goût, pour leur donner une couleur plus joyeuse (Photo 4). Cette anecdote, qui restera à jamais la plus présente dans mes pensées fut celle qui guida le fil de mon destin pour au moins les 10 années qui suivirent.
Mes parents, une fois la crise colorée nettoyée et soigneusement oubliée, firent ce que tous les parents voulant avoir un enfant célèbre firent. Ils cherchèrent absolument à trouver un talent chez moi qui me ferait sortir du lot. Après un rapide examen des exploits j'avais produit jusqu'à aujourd'hui, à savoir avoir créé un nouveau record au niveau des moyennes de mon école primaire,
(ce fut en effet grâce à moi que l'on quitta le vieux système de notation à base de lettres pour passer aux chiffres sur une base de 20, tant j'étais mauvais); je n'avais aucun talent pour le chant, aucun talent non plus pour la sculpture, et aucun non plus dans la musique, ayant réussi à casser le (Stradivarius de mon grand-père). Ce fut donc par dépit qu'ils durent se tourner vers l'art pictural, et après s'être mis précautionneusement des œillères mentales, en expliquant à tout leur voisinage que je faisais de splendides dessins, que même les plus grands artistes ne faisaient pas quand ils avaient mon âge. C'est donc sans surprise qu'ils me firent intégrer un collège puis un lycée privé, spécialisés dans les arts plastiques.
C'est ainsi que nous arrivons à ma quinzième année, en plein milieu de ma crise d'adolescence. Comme vous pouvez le voir sur la photo (Photo 5), j'étais en plein milieu de ce que l'on appelait communément à cette époque ma phase d'"émo", à savoir être une sorte de pseudo-gothique, s'habillait en noir et parler tout le temps de commettre des suicides, de mort et autres choses joyeuses, et ponctuer toutes ses remarques de "le monde il est trop dark!". Bref, je n'étais pas dans une de mes meilleures années. Mais c'est ainsi, on ne choisit malheureusement pas son passé. C'était donc au cours de ma quinzième année, que je passais cloitré la plupart du temps dans le lycée, que nous appelions plus généralement "la prison", que je travaillais à essayer de réaliser le rêve de mes parents, à savoir toujours celui de devenir célèbre grâce à mes, ou plutôt devrais-je dire, mon talent.
Mais, et au grand dam de mes parents, je n'étais absolument pas doué pour tout ce qui touchait au dessin. Loin derrière moi, l'année ou je gribouillais la moindre chose encore vierge que je pouvais croiser. Les seuls dessins que je faisais, et qui, le pensais-je, étaient dignes des plus grands chefs-d'œuvre de peinture, se bornaient à être des crânes humains, des chauves-souris et des croix sataniques. Comme tout bon pseudo-gothique qui se respecte, je vouais une admiration sans bornes à la mort et à tout ce qui s'en approchait. Malheureusement pour moi, cet état se fini brusquement, lorsque la mort se présenta dans ma vie. Je me rendis compte que peut-être, finalement, la mort n'était pas si géniale, surtout lorsqu'elle frappe un être cher. Ce fut donc lors de ma quinzième année que je perdis ma mère, une des 40 victimes du tremblement de terre qui se déclencha en Chine le 30 août 2008. Même si je ne suis pas spécialement un adepte de ce genre de phrases cyniques et candides, je me sens obligé de noter ceci : A toute chose, malheur est bon.
C'est en effet à cause de ce malheur qui je sortis, certes un peu violemment, de ma phase d'adolescent qui trouve que le monde est contre lui, pour embrasser la vie et aussi m'ouvrir les yeux. Loin d'avoir conscience des choses, le choc dû à cette catastrophe m'ouvrit les yeux, et avec moult efforts, je finis par m'assurer la première place dans le classement de la notation du département où je vivais. Je ne puis malheureusement vous citer quel était ce département, car comme vous le savez, le roi sarkozy choisi de dissoudre les départements au cours de l'année 2013. Mais cela ne fait pas parti de mon histoire. C'est au bout de deux ans que je finis enfin par obtenir mon bac, avec la mention très bien et les félicitations du jury. Je venais alors de fêter mes 17 ans, et je faisais parti de la classe des "ados cools" (Photo 6), c'est à dire ceux qui font la fête avec de l'alcool à profusion, et qui assombrissent l'air de leurs cigarettes et autres "pétards".
J'avais beau n'avoir que 17 ans, je possédais toutefois la maturité d'un adulte, si l'on escompte que mon adolescence pris fin le jour fatidique lors de ma quinzième année. Ce fut donc pour quoi, conscient que je ne pourrais jamais trouver un emploi viable en continuant dans la voie choisie arbitrairement par mes parents,je me tournais vers une filière d'université pouvant assurer ma subsistance, mais aussi payer les frais de maison de retraite de mon père. Profitant du fait que je réussi à décrocher les bourses du fait de l'absence de revenus de la cellule parentale, je pus en deux ans décrocher le master d'économie que je convoitais. Je fus aidé par l'épée de Damoclès qui pendait au dessus de ma tête qui était formé par la maison de retraire, qui m'avait laissé trois années après mon arrivée à l'âge adulte pour payer les frais de mon père, sinon quoi ils iraient se servir dans la maison que me légua mon père.
Je pu rentrer et m'assurer une bonne place dans une grande firme multinationale d'informatique, dans le secteur promotionnel, grâce à mon diplôme d'économie. Peu de temps après mon entrée dans la firme, je fis mon premier coup d'éclat, qui m'assura une place définitive dans l'entreprise. Je su en effet profiter de la légende populaire de l'année 2012, selon laquelle le monde prendrait fin le 21/12/2012. Tout cela n'était en fait qu'une affabulation de quelqu'un s'ennuyant et ne trouvant pas intéressante la justification de la fin du calendrier Maya, qui expliquait qu'ils n'avaient tout simplement plus de place pour calculer les prochains évènements à venir. Ce fut donc sur cette légende urbaine que je pris position, aidé par le jeu des médias et des films catastrophes, je conçu un programme informatique soit disant sensé protéger le monde des effets de la fin du monde. Comme vous vous doutez, cela connu un succès faramineux, et mon entreprise pris la possession du marché informatique grâce à ce programme placébo, digne successeur de l'anti-bug de l'an 2000.
8 ans après cela, j'atteignis le grade de sous-directeur de mon entreprise.
Grâce à l'aide de quelque interventions chirurgicales, en plus d'être le sous-chef de l'entreprise, j'étais aussi son représentant publicitaire, tant mon physique, ainsi que les montages photos pouvaient être attirants pour les clients (Photo 7). Étrange effet secondaire d'une de mes interventions chirurgicales, je perdis tous mes cheveux, pour devenir chauve, ce qui, paradoxalement, rendait parfaitement bien sur les photos. Ce ne fut que 5 ans plus tard, et après plusieurs autre coups d'éclat dont je vous passerais les détails que j'atteignis enfin le grade de directeur de l'entreprise.
Je pus enfin assurer correctement mon salaire, et au prix de très couteuses intervention, je réussi enfin à me retrouver une chevelure digne des plus grands poètes (Photo 8). En plus de ne plus avoir à souffrir du froid, ma nouvelle apparence donnait une sorte d'impression de patron sympathique et généreux, ce qui ne fut pas pour déplaire aux actionnaires de l'entreprise. Ce fut malheureusement cette année aussi, alors que je me trouvais au plus haut de ma carrière, que mourut mon père. Cela eu un effet beaucoup plus important que ce à quoi je m'étais attendu. Je perdis le moral, l'appétit ainsi que le goût de la vie. Je fis un grand plongeon dans une dépression assez violente, et les actionnaires eurent le bon goût de m'écarter de la direction un mois après la mort de mon père, car l'entreprise avait chuté d'une bonne dizaine de points en quelque semaines. Ils surent toutefois reconnaître mes bons et loyaux services et m'assurèrent une retraite stable et assez important pour que je ne vienne à manquer de rien.
Tout cela nous amène un peu plus de 25 plus tard. Je ne vous parlerais pas de ces 25 années car il ne se passa strictement rien qui vaille la peine d'être narré. Par contre, en pleine année 2053, ma vie pris un nouveau tournant. Ce fut cette année que je rencontra l'amour de ma vie. J'étais certes vieux et avais beau avoir une vingtaine d'année de plus qu'elle (Photo 9), nous vécûmes notre idylle dans la plus grande joie. Ce fut en effet la première femme qui était réellement amoureuse de moi, sans avoir développé son amour pour ma fortune plutôt que pour ma personne. La rencontre fut tout à fait fortuite, car je la vue pour la première fois dans un square, elle faisant son footing et moi promenant mon chien dans une tenue neutre. J'avais beau être une personnalité connue, habillé tel que je l'étais, et portant les cicatrices de l'âge, elle ne me vit pas pour ce que j'étais. Mais ce fut le coup de foudre.
Je ne lui ai avoué qui j'étais qu'après m'être assuré qu'elle ne me connaissait pas et m'aimait vraiment.
Ce fut avec elle que je finis ma vie. Nous eurent deux enfants, un fils et une fille, à qui j'offris toute ma générosité, sans penser que cela se retournerais contre moi plus tard. Car contrairement à ma femme, mes enfants aimaient ma fortune, et attendaient que je ne meure pour pouvoir hériter. Je finis par rendre l'âme en 2078, et mes enfants s'empressèrent de se débarrasser de moi à la mode de cette année, en nous envoyant, mon cercueil et moi dans l'espace, où je finis par dériver (Photo 10).


Narré par Nicolas Bakuma, texte reconstitué lors de la récupération de son corps et de l'utilisation de la technologie de rappel de mémoire, année 2143.²